J'étais à un stage photo ce week end, mon premier en 20 ans de photo.…
Une nouvelle vie
Adolescent, je lisais avec ferveur Théophile Gautier. Outre ses contes il a écrit un peu de poésie, dont sa Comédie de la Mort un peu oubliée.
« Il est des trépassés de diverse nature :
Aux uns la puanteur avec la pourriture,
Le palpable néant,
(…)
Aux autres, que l’on voit sans qu’on s’en épouvante
Passer et repasser dans la cité vivante
Sous leur linceul de chair,
L’invisible néant, la mort intérieure »
La mort intérieure dans la cité des vivants. Il y aurait probablement beaucoup à dire. C’est un sujet qui mériterait un peu de réflexion. Entre les antidépresseurs, les visages ternes, la vie par procuration derrière un écran. Qu’est ce qui emplit nos cœurs et nos âmes ? Qu’est ce qui nous exalte ?
On oublie parfois, comment notre vie est brève, et si l’on s’interroge souvent sur la vie après la mort, rarement on se rappelle qu’il y a une vie avant la mort.
La traînée de poudre sur les réseaux sociaux des 10 ans , permet de prendre le temps du recul sur son propre parcours. Il y a 10 ans sur la première photo : je sortais après 15 jours de l’ICU (intensive care unit) d’un hôpital aux USA où l’on m’a dit que je suis un miraculé d’être toujours vivant, après un arrêt cardio-respiratoire et un court coma. Souvent on m’a demandé si j’avais « vu » quelque chose. La réponse est, banalement, non. Mais après, des choses ont changé, j’ai vu à travers la « matrice », j’ai suivi le lapin d’Alice au fond du trou, et j’y ai vu des dissonances cognitives qui nous rendent malheureux, entre l’image qu’on a de la vie et ce qu’elle est. J’ai également commencé à développer mes aptitudes de thérapeute manuel différemment.
J’ai essayé de travailler sur mes peurs, et de devenir moi-même. Ce n’est pas si évident que cela de devenir soi-même. Ma vie a changé. J’ai réalisé plusieurs de mes rêves, j’ai vécu plutôt intensément. Si l’on croise beaucoup de personnes dans la vie, j’ai probablement fait quelques belles rencontres. Et même j’ai rencontré une personne qui a fait naître en moi un sentiment d’amour qui m’a transformé positivement, même si, cela n’a pas duré 10 ans… La rupture, m’a permis de prendre conscience que j’étais bien entouré aujourd’hui, et que j’avais une vie plutôt riche. Et m’a poussé à aller marcher seul dans la jungle pour me confronter à moi-même.
Parfois on s’épuise. On se débat (et je vous assure que se débattre dans une jungle dense c’est inutile). Mais a-t-on pris le temps de savoir ce qui était important pour soi, de ce que l’on voulait, et où l’on voulait aller ?
Sur la deuxième photo, on me voit dans une de mes passions, un autoportrait surréaliste dans un lieu abandonné, visiblement j’ai continué de suivre le lapin d’Alice. Il m’arrive encore de rêver grand aujourd’hui. Mais peut-on rêver autrement ?
J’aimerais parfois trouver les mots, réussir à exprimer ce magma de pensées et sentiments au fond de moi, qui fait que je reste un long moment devant ce clavier. Avec mes photos, la danse ou mes mains en thérapie, parfois c’est plus facile.
Certains parlent du monde plutôt que de regarder leur propre évolution. Ce que je sais c’est que la population d’ours polaires est stable pour ceux qui s’en soucient, et contrairement aux images que l’on voit, et que l’extrême pauvreté a continué de régresser sur la planète.
Un des bais est donner plus d’importances aux informations négatives en oubliant le positif.
Daniel Kahneman s’est interrogé sur la nature humaine, la manière dont fonctionne notre esprit, il a d’ailleurs été récompensé d’un prix Nobel. Et récemment il s’est penché sur le bonheur. Il pense que chaque être humain il y a deux moteurs, l’experiencing self (le moi qui vit l’instant) et le remembering self (le moi qui se souvient).
De mon expérience, certaines expériences traumatisantes sur le moment ont été des souvenirs positifs qui m’ont permis de me construire.
Voilà, 10 ans, c’est long, cet article a été l’occasion de divaguer dans mon esprit. Il m’est arrivé tellement de choses ces 10 dernières années que j’ai parfois l’impression d’avoir eu une autre vie avant. Et parfois, je m’interroge sur ce que me réserve demain…
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